Tributes and testimonials
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Ma rencontre avec le Professeur Delaire en 1984 a été déterminante pour moi, et ses travaux ont guidé au quotidien toute ma carrière d’orthodontiste . Ses rendez vous nantais, au sein de l’AREMACC , comme ses interventions dans les congrès étaient des moments intenses , Son exigence et sa générosité, dans le travail et la transmission de ses idées étaient très grandes, et un exemple de partage à suivre. Par ses multiples travaux, et publications, il a ouvert beaucoup de chemins thérapeutiques et, en nous précédant, nous a fait gagner beaucoup de temps, . Cependant , il acceptait toujours le dialogue autour d’un complément de réflexion pour améliorer les connaissances et donc le service à rendre aux personnes qui nous faisaient confiance . J’ai eu l’occasion de partager d’autres sujets avec lui, et ainsi avais suivi son dévouement lors de la longue maladie de son épouse . Il a beaucoup sacrifié de sa vie personnelle à la profession.
Merci Professeur Delaire reposez en paix. -
Jean Michel SALAGNAC
C’est avec une profonde émotion que la disparition du professeur Jean Delaire, qui fut mon guide et mon maitre dès le début de ma carrière, me remis en mémoire un rapport ancien qui classait les praticiens en trois catégories :
– Ceux qui peuvent parler
– Ceux qui peuvent écrire
– Ceux qui peuvent faire.
De temps en temps, il en est un qui peut appartenir à deux catégories, mais il est tout à fait exceptionnel d’en trouver un qui satisfasse aux trois exigences.
Des années passées à écouter son enseignement, à recevoir ses conseils, à lire ses nombreuses publications et à voir de nombreux patients lui témoigner leur gratitude, m’obligent à ajouter pour le professeur Jean Delaire une quatrième dimension : celle de l’humaniste, emprunt de simplicité, de hauteur d’esprit et de cœur qui en fait l’exception. Il fut l’un des plus éminents représentants de sa profession de la deuxième moitié du XXe siècle.
Doué d’un sens naturel de la pédagogie, d’une aisance incomparable da la parole, d’une grande clarté d’expression, d’une volonté constante d’enseigner, il possédait en plus le don de mettre ses connaissances à la portée de tous les auditeurs, sans les abaisser. Assister à sa consultation était un privilège, son nom un label et un sésame recherché.
Son service était ouvert à tous, l’accueil toujours bienveillant et son enseignement original tant dans ses conceptions que dans sa thérapeutique. Il fit rayonner son service dont la réputation dépassa largement les frontières de France comme en témoigne le grand nombre de praticiens étrangers qui sont venus s’y former. Il joua également un rôle prépondérant dans la création et l’organisation de la faculté de chirurgie dentaire de Nantes en 1968 où il dispensa des cours de pathologie.
C’est tout naturellement qu’il fut pour ses élèves un maitre incomparable et pour ses pairs un confrère respecté et admiré.
Un esprit d’une clairvoyance et d’une curiosité exceptionnelle, une pensée évolutive (parfois trop rapidement changeante et déroutante pensaient certains) associés à une étonnante puissance de travail lui ont permis de publier d’innombrables travaux qui marquent de leur empreinte indélébile l’orthopédie maxillo-dento-faciale, la stomatologie et la chirurgie maxillo-faciale.
Professeur de médecine, il dirigea le service de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale du CHU de Nantes de 1959 à 1990 et fut nommé chirurgien honoraire des hôpitaux en 1990 puis professeur émérite à la faculté de médecine de Nantes en 1991.
Très influencé par les idées novatrices de son maitre Lucien LEBOURG sur le rôle des sutures dans la croissance crânio-faciale, il consacra avec passion une grande partie de sa carrière à l’étude des phénomènes et des lois qui régissent la croissance crânio-faciale. L’observation et l’étude de très nombreux syndromes malformatifs lui fut très riche d’enseignement pour la compréhension des phénomènes de croissance normaux et pathologiques.
Un travail acharné, une réflexion conceptuelle originale lui ont permis de révolutionner le diagnostic et la thérapeutique de certaines pathologies. C’est ainsi qu’il :
– Mis au point en 1969 le masque facial à appui fronto-mentonnier, désormais mondialement connu et utilisé sous le nom de « masque de Delaire » qui transforma le traitement des troubles du développement du maxillaire supérieur évitant ainsi de nombreuses interventions de chirurgie orthognatique.
– Transforma la thérapeutique chirurgicale des fentes labio-maxillo-palatines en proposant et en démontrant les avantages d’une chirurgie « physiologique ».
– Elabora une méthode d’analyse télé céphalométrique architecturale qui fit faire un bon en avant dans la connaissance et le diagnostic des dysmorphoses cranio-faciales et dento-alvéolaires, restituant ainsi à la céphalométrie et à l’orthopédie dento-faciale leur justification médicale.
Son influence fut également si déterminante dans beaucoup d’autres domaines de l’odonto-stomatologie, qu’un stomatologiste, un chirurgien maxillo-facial ou un orthodontiste peut difficilement exercer une seule semaine sans se reporter à ses travaux.
Toutes ses qualités ont donné à Jean DELAIRE une notoriété mondiale qui lui a fait assurer la présidence de nombreux congrès et sociétés scientifiques : (Association Française des Chirurgiens Maxillo-Faciaux de 1976 à 1978, Société Française de Stomatologie et Chirurgie Maxillo-Faciale de 1979 à 1981, de l’European Association for Maxillo-Facial Surgery de 1983 à 1984… D’être invité à donner de multiples conférences à travers le monde.
Il fut justement récompensé par de nombreux titres honorifiques :
– Officier de la légion d’honneur
– Officier de l’ordre des palmes académiques
– Membre d’honneur de l’Association Française des Chirurgiens Maxillo-Faciaux
– Membre d’honneur de la Société Française d’Orthopédie Dento-Faciale.
– Membre honoraire de l’Académie Nationale de Chirurgie Dentaire
– Membre honoris causa de la Société Belge de Stomatologie et Chirurgie Maxillo-Faciale.
– Docteur honoris causa des universités de Louvain, d’Halifax…
Comme souvent quand la notoriété devient trop forte quelques voix discordantes, aigries ou peut-être envieuses, se font entendre….mais qu’importe.
Ces dernières années, malgré le profond désarroi moral provoqué par la disparition de Madame DELAIRE il conserva la volonté et l’énergie de poursuivre son enseignement jusqu’à la limite extrême de ses forces.
Puisse son enseignement rester vivant et guider encore longtemps les générations actuelles auxquelles il revient le devoir de faire perdurer cet héritage.
J’ai passé les moments les plus exaltants de ma vie professionnelle dans son service, mais cet hommage à son admirable carrière ne peut se limiter à mon témoignage de gratitude et d’admiration mais il se veut aussi faire écho à la demande de très nombreux confrères qui trouveront là la possibilité de témoigner au professeur Jean Delaire leur gratitude et de lui adresser tout simplement une immense merci et un adieu.
Parmi tous les témoignes que j’ai reçu, celui en provenance d’un confrère Italien résume parfaitement la pensée de tous ; Il écrit :
C’est avec une grande tristesse que j’apprends le décès du Professeur Delaire.
En tant que médecin et en tant que personne, je le considère comme le collègue que j’ai le plus admiré, estimé et respecté.
Je l’ai rencontré pour un besoin professionnel et j’ai trouvé une personne d’une grande humanité, totalement disponible pour la discussion et les explications, passionnée par son travail, étudiante approfondie de la physiopathologie musculo-squelettique de la face, dans une recherche continue d’amélioration de son technique chirurgicale, totalement dédié à son profession.
Une grande figure scientifique de la médecine française, à qui il faut adresser les sincères remerciements des patients et confrères pour l’impulsion et l’approfondissement qu’il a donné à sa branche spécialisée.
J’ai eu l’honneur de publier ses écrits, uniques par leur clarté et leur créativité, et je n’ai jamais pu oublier les échanges de vues qu’ils ont suscités.
Salutations mon ami -
Je tiens à témoigner ma reconnaissance au Pr Delaire pour tout ce qu’il m’a appris.
J’ai eu la chance d’être sa dernière élève et de bénéficier de cours particuliers durant lesquels je le bombardais de questions ce qui le faisait rire.
Il m’a incité à transmettre mon enthousiasme et mon admiration pour son travail et l’outil extraordinaire qu’il a mis au point.
Je lui souhaite de reposer en paix.
Respectueusement,
Dr Sophie Pierre Butruille. -
Merci Mr Delaire,
Pour votre enseignement dont j’ai pu bénéficier alors que vous aviez. 88 ans!
Il m’est utile chaque jour pour chaque patient.
Vous resterez un modèle pour de nombreux praticiens. Vous avez marqué l’histoire de la médecine.
Avec toute mon admiration, -
Le professeur Jean Delaire nous a quitté le mardi 29 novembre 2022 dans sa centième année.
Il sera écrit et rappelé, par ailleurs, ses nombreux et prestigieux titres, travaux, fonctions et distinctions.
Nous voulons ici rappeler l’Homme et le personnage que ceux qui ont eu la chance de le rencontrer régulièrement ont pu apprécier, chacun à sa manière, à son niveau.
J’avais pour ma part écrit un article, un peu biaisé, montrant toutefois que les rapports géométriques définis par son analyse acceptaient une certaine laxité. Je tenter de tuer le père après un séjour houleux dans le service de son successeur. Son droit de réponse publié sous mon article était cinglant et lapidaire. Je rentrais ainsi dans la cour des grands, car être traité de petit con, affirmant le contraire de tout ce qu’il avait toujours constaté, par Mr Delaire c ‘est déjà quelque part sortir du lot. Je ne me démontais pas et lui envoyais mes données. Il me répondait : venez me voir à mes cours à Nantes, nous la jouerons au bras de fer…
L’invitation sonnait comme un ordre.
Quelques mois plus tard, je me rendais à son cours. Il faisait faire un tour de table de présentation. Mon tour arriva… Je me trouvais dans la situation inconfortable d’un joueur d’échecs amateur, devant un échiquier face à Kasparov… « Nimeskern, chirurgien maxillo facial, Mulhouse ». Un éclat passa dans ses yeux. Il se tourna vers moi et me dit doucement : « Je vous attendais, vous » .
Et j’y suis retourné, souvent. Pas assez souvent.
Un jour il me passait son ordinateur et me disait : « Prends ce que tu veux »… J’ai tout pris. Je lui a juste demandé qui l’avait autorisé à me tutoyer. Le vieux Maître partageait le savoir.
Un matin avec un collègue orthodontiste, nous avions rendez-vous à 9h du matin avec le Maître pour divers travaux. Nous nous retrouvions devant la porte de l’immeuble vers 8h30, discutant en attendant 9h pour presser sur la sonnette avec rigueur et ponctualité. 8h35… le portable sonne… « Vous êtes où les gars ? Je vous attends pour travailler » …
Une autre fois, je récupérais tous les travaux de Moos pour aller les faire photocopier. J’aurais pu choisir un autre auteur. Il avait tous les travaux, de tous les auteurs, les connaissaient par coeur, les travaux, et avait rencontré ou côtoyé la plupart des grands auteurs dont il nous racontait les faits d’armes.
Une autre fois, je récupérais des PDF précieux enregistrés par le Maître, dans un format disparu, sur un programme désuet ne tournant que sur une unique machine faisant des étincelles au démarrage.
Deux fois, j’étais invité par le Maître à parler à ses symposiums, dont le tout dernier. Je faisais partie du Gang, comme nous nommait, moi et les autres disciples qui se reconnaitrons, mademoiselle Vernemouze.
Une autre fois je présentais, modestement, et avec mes mots, au Maître une façon de concevoir et comprendre la dualité onde corpuscule. Il me regardait d’un drôle d’air … J’avais l’impression qu’il se disait « Il est nul en céphalo, mais assez original en vulgarisation scientifique, celui-là »…
Une autre fois, je lui présentais, dans ses locaux, un logiciel d’imagerie permettant de faire des radiographies 2D d’hémi face droite ou gauche ou de portion de face et toutes sortes de mesures et manipulations à partir du cone beam. Tout ce qu’il ne pouvait pas faire du fait des limitations matérielles de son époque. Le vieux Maître de plus de 80 ans était debout devant l’écran, exalté, « Montre moi ça, là, tourne, projette l’autre côté, agrandis … je l’ai toujours dit, c ‘est exactement ça, etc etc.. »
Et de me souvenir des repas de groupe partagés avec lui où il rompait le pain du partage, où il parlait et nous l’écoutions.
Et il y a cette anecdote avec l’arc électrique qui avait fait perdre connaissance à la patiente, à l’assistante et au Maître, qui heureusement s’était réveillé avant les autres, mais c’est trop long à raconter.
Et nous étions attentifs, et nous écoutions, et nous rigolions, et nous étions plus vivants et gais que d’habitude.
Et tant d’autres choses…Mon expérience professionnelle avec Mr Delaire me fais penser à cette citation d’Emile CIORAN:
« Collés à l’immédiat, les gens se nourrissent de vulgarité. De quoi peut-on parler avec eux sinon des hommes ? Et encore, des faits divers, des objets et des soucis, jamais des idées. Or il n’y a que le concept qui ne soit pas vulgaire. Mais la noblesse de l’abstraction leur est inconnue car, avares de leurs pouvoirs, ils ne sont pas capables de dépenser des énergies pour nourrir ce qui n’est pas : l’idée. Le vulgaire : l’absence d’abstraction ».
Il est des gens qui voient ce que les autres ne voient pas. Qui voient les mécanismes, les muscles, les forces, les équilibres et proportions là où d’autres ne voient que des clartés et des opacités.
Il y a des gens qui arrivent à systématiser, modéliser cette vision pour révéler l’abstraction invisible aux autres.Il n’y a que le concept qui ne soit pas vulgaire. Ceux de Monsieur le Professeur Delaire alimenteront nos réflexions pendant encore longtemps.
Il a rejoint le monde des idées, qui ne sont pas, tout en étant éternelles. -
Merci pour tout ce que vous nous avez apporté.
Vous êtes tous les jours présent dans notre esprit.
Que votre âme repose en paix. -
Dynamique, ouvert et passionné jusqu’au dernier instant. Merci pour tout ce que vous avez pu nous transmettre. Votre passion est contagieuse.
Voici donc le départ d’un maître de notre spécialité. Le professeur Jean Delaire a été par ses connaissances, sa puissance de travail, un homme exceptionnel qui a contribué à des avancées considérables dans notre discipline. Homme passionné, curieux de nature, il échangera avec tous les grands noms de son temps, ce qui lui permettra d’ établir ses propres concepts. Ce départ pour triste qu’il soit, ne doit pas être une fin. En effet, Il incombe maintenant à ses élèves de poursuivre sa tache en perpétuant son approche si spécifique des pathologies oro-maxillo-faciales. C’est sans doute le plus bel hommage à lui rendre.